Pour un noyau atomique, les « nombres magiques » de nucléons (neutrons ou protons) correspondent à des niveaux d’énergie remplis (les « couches fermées », à l’instar des électrons de l’atome). Lorsque les couches protons et neutrons sont fermées, le noyau est alors dit « doublement magique ». Ces noyaux sont les pierres angulaires des modèles théoriques permettant de comprendre les interactions entre nucléons et leur structuration au sein du noyau. Le Nickel-48 (ou 48Ni), avec 28 protons et 20 neutrons, est le 10e (et sans doute dernier) noyau doublement magique de la carte des isotopes. Il est de plus le noyau le plus riche en protons de la table des isotopes et présente un intérêt théorique tout particulier : c’est d’une part le seul noyau doublement magique pour lequel le noyau miroir (48Ca avec 20 protons et 28 neutrons) existe, d’autre part, l’élément Nickel est le seul pour lequel 3 isotopes doublement magiques existent : 48Ni, 56Ni et 78Ni. Il aura fallu bombarder de l’ordre de 1019 noyaux stables (58Ni) sur une cible pour que 4 noyaux de 48Ni, produits par fragmentation, aient pu être sélectionnés par le séparateur LISE3 du GANIL et observés sans ambiguïté.